TROIS IMMEUBLES D'HABITATION
LA TERRE DES ANCÊTRES
La tuilerie de Bellevue a été fondée dans la première moitié du 18e siècle entre Colovrex et la route de Suisse. Un paysage remarquable dans un environnement calme et parfaitement desservi.
Lucrative affaire de famille, cette manufacture de produits de construction en terre cuite (briques et tuiles) a tiré profit du sol argileux du périmètre pendant des générations, jusqu’à son transfert à l’autre bout du canton en 1946. Marquant l’histoire communale, l’exploitation a donné son nom au chemin qui, justement, permettait l’accès à ses bâtiments. Si ces derniers ont aujourd’hui disparu, l’analyse du site montre que la toponymie reste d’actualité. Vestige des profondes extractions d’argile, la cuvette artificielle formée dans le grand terrain qui longe le chemin des Tuileries témoigne en effet de ce passé.
Les potentialités du lieu se dévoilent après le cordon boisé qui cadre la frange Nord des parcelles, libérant l’espace central et dégageant d’heureuses perspectives vers le Sud. Un paysage remarquable dans un environnement calme et parfaitement desservi.
Respect absolu du site.
Descendants directs des fondateurs de la tuilerie, les propriétaires du terrain entendent valoriser ce bien foncier aux nombreux atouts. Une volonté qui passe par le respect absolu du site, de ses caractéristiques et de son histoire. La répartition convenue entre les héritiers induit la création de trois bâtiments distincts, pièces autonomes d’un même ensemble cohérent et harmonieux. Le gabarit et la volumétrie compacte s’associent à l’échelle du bâti environnant ; les masses dilatées révèlent des dégagements visuels insoupçonnés et permettent aux différents blocs de profiter des orientations les plus favorables. Autour de noyaux de distribution logés au cœur des volumes, les trente-huit appartements que compte le projet sont tous poly-orientés, avec de beaux espaces de vie prolongés par des loggias largement ouvertes sur le paysage.
Dehors, le terrain demeure accessible aux riverains, fait la part belle à la mobilité douce et proscrit toute privatisation des jardins. Facteur essentiel du projet, ce cadre naturel très préservé garantit l’équilibre de l’écosystème local.
Une conscience écologique maîtrisée qui se retrouve dans les options constructives : isolation thermique performante pour une haute performance énergétique, toits végétalisés permettant la filtration et l'épuration biologique des eaux de pluies, stationnement en surface évitant le bétonnage étendu du sous-sol. L’intégration esthétique des trois volumes est favorisée par le vocabulaire sobre des façades où s’équilibrent les pleins et les vides. Déclinées en modules simples, les ouvertures nettement découpées des fenêtres et des loggias jouent une partition rigoureuse faite d’alignements, de parallélismes et de récurrences.
Avec la présence marquée de briques en terre cuite pour les murs et de bois pour les menuiseries, le traitement de l’enveloppe s’inspire de la mémoire du site. Une matérialité chaude et noble qui résonne comme un hommage aux activités d’autrefois de la tuilerie, fait écho à la nature argileuse du sol et s’harmonise avec la présence solennelle des grands arbres.
L'histoire d'un lieu.
Franche, l’expression générale de l’ensemble entend se démarquer de la banale production architecturale présente alentour. Le tracé des cheminements piétonniers, les haies vives ou les parterres d’herbe laissés en prairie achèvent de structurer l’espace. Élément-clé d’un environnement qui a su se redéfinir sans se corrompre, ce trio de bâtiments s’inscrit dans la continuité de l’histoire du lieu. Tout à la fois claire, moderne et organique, la nouvelle composition paysagère se fonde ainsi sur la lecture sensible du site et la compréhension intime de son passé. Un déchiffrage et un entendement qui ont déterminé les axes majeurs du projet et cadré les principaux choix de mise en œuvre.
Images © Tonatiuh Amrosetti