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RETROUVER LE TEMPS

Si près, si loin

À une heure de Genève et à 1’180 mètres d’altitude, ce décor sert d’écrin à une jolie bâtisse, propriété d’une même famille depuis près d’un siècle. Située en France dans le département de Haute-Savoie au coeur de la vallée de Montjoie.

Acquise après la Grande Guerre par un notable parisien dans la mouvance du tourisme alpin et du retour aux prétendues simplicités de la nature, cette grange transformée en chalet voit converger chaque été depuis « la ville » parents et enfants, fratries et cousins. Édifié en 1874, le bâtiment montre toute l’efficacité des constructions montagnardes.

Une ossature de poutres
Posé en contrebas de la route avec un faîte orienté dans le sens du vent pour faciliter le séchage du foin, sa structure de bois s’appuie sur un soubassement de pierre formant une cave employée à l’affinage des fromages. L’enveloppe extérieure cache une ossature de poutres et de planches avec, extensions réalisées au fil du temps, quelques parties maçonnées destinées à l’amélioration de ce qu’il serait intrépide d’appeler du « confort ». Mais alors que le 21e siècle accueille la cinquième génération d’enfants, que la toiture et les murs s’affaiblissent, comment faire pour que la bâtisse retrouve son identité ?

Parfois regrettables, les transformations successives témoignent d’un usage en constante évolution et, à ce titre, appartiennent à la mémoire familiale. Cette conscience encore très vive écarte l’idée d’une restauration pure et dure. Loin des principes doctrinaires, les options retenues privilégient une approche plus fine où le meilleur de chaque époque se voit valorisé.

Un rez-de-chaussée décloisonné
Marquant l’identité du site, le volume original de la grange bénéficie d’un soin particulier à la hauteur de ses qualités patrimoniales ; les aménagements exécutés dans les années 1930 profitent d’opportunes adaptations ; les ouvertures en façade et les distributions sont maintenues dans leur principe. Décloisonné, le rez-de-chaussée agrandit l’entrée et le vestiaire et aménage une agréable cuisine. Aux étages, les chambres sont laissées telles quelles alors que de nouvelles salles de bains trouvent place dans l’extension existante. Sans doute un peu raides et un peu étroits, les jolis escaliers dont tout le monde se contente depuis toujours n’ont pas été modifiés. La vétusté irrécupérable de l’enveloppe engendre des travaux conséquents.

Un squelette fragile
Épluchée jusqu’à l’os, la bâtisse révèle un squelette fragile mais sain. Les faiblesses statiques sont ponctuellement renforcées, tandis que la mise en place d’une isolation thermique permet d’atteindre – avec la pose de doubles fenêtres – l’équivalent du standard Minergie®. D’habiles détails constructifs neutralisent les ponts de froids et évitent l’empâtement général dû à l’épaisse couche isolante. Les murs de façades sont habillés d’un bardage neuf et la toiture, enfin débarrassée de sa ferblanterie et de sa tuile mécanique, retrouve une couverture traditionnelle en tavillons de mélèze. Ces différents choix laissent apparaître toute la charpente d’origine, conservent les solivages anciens et les planchers de même que les beaux lambris. L’aménagement intérieur s’en trouve d’autant plus valorisé que l’ensemble des équipements techniques (électricité, chauffage, sanitaire) a profité d’une modernisation complète.

La redéfinition retenue des espaces de service et l’assainissement discret des structures ou de l’enveloppe certifient que la substance historique l’emporte sur le geste architectural. En suivant le cours des choses et des lieux, la rénovation s’affirme avec évidence pour les occupants et avec authenticité pour le site de Saint Nicolas de Véroce.

Extrait du livre "La Vallée de Montjoie" de Maurice Besson

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