ÂME MINÉRALE
Construction d'un immeuble résidentiel dans un parc
Un paysage. Une campagne. Et puis enfin des jardins, des arbres, des maisons, une histoire et des gens qui l’ont façonnée. Comprendre un lieu suppose de rester ouvert au monde, à même de saisir tout ce qui compose un territoire. Nature ou culture, avec humilité et sans idées préconçues, il s’agit bien d’aller au cœur des choses qui sont ou qui ont été.
D’abord dépourvu de construction, le terrain s’inscrit dans un large récit où le village de Genthod et les grands domaines alentours jouent un rôle aussi important que les chemins, les champs ou les cordons boisés. Le bâti et le non bâti, les pleins et les vides achèvent de structurer un paysage préservé dans lequel toute intervention se doit de s’insérer avec finesse, sans rupture ou prétention. Alors si l’idée de densifier cette parcelle située en zone villas devient la question essentielle, quelle est la réponse à donner ?
Une lecture fine du site en fait émerger les caractéristiques fortes. L’arborisation et l’échelle des constructions apparaissent alors comme des composantes-phares, à maintenir et à valoriser. La construction d’un immeuble devient envisageable dès lors que sa présence respecte cette réalité. L’attention se focalise sur le maintien d’espaces ouverts plantés de fruitiers, la simplicité mesurée des volumes bâtis et le rapport discret avec le voisinage.
Révélée après de nombreuses variantes élaborées au fil des études, la volumétrie du projet contribue à l’intégration du bâtiment. Posés au milieu d’un parc ouvert, deux carrés décalés montrent des façades aux dimensions adaptées au tissu environnant. Un choix simple qui évite une frontalité trop importante, fragmente la masse bâtie et, de fait, permet de multiplier les dégagements visuels des logements, sans impacter les propriétés voisines. Côté nord, le dispositif d’entrée de l’immeuble se combine avec la rampe d’accès au sous-sol pour offrir une privacité discrète et efficace, esquivant le double piège d’une saignée béante dans le paysage ou d’une séparation trop étanche entre espace public et sphère privée.


Plus ou moins grands, les sept appartements de standing proposés restent adaptés aux attentes du marché. Chaque unité d’habitation bénéficie de plusieurs orientations, avec une belle loggia d’angle ouverte sur le parc. L’organisation intérieure voit les pièces à vivre, les chambres et les salles d’eau trouver leur place dans une spatialité tout à la fois simple et évidente. Articulés avec une pièce semi-ouverte sans affectation arrêtée, bureau, chambre ou espace de jeu, les salons s’offrent le luxe de pouvoir être traversants. L’attention portée aux détails, la mise en œuvre soignée et la subtile palette de couleurs des espaces communs marquent quant à elles la volonté d’excellence souhaitée par le Maître d’ouvrage. Des choix sobres et audacieux qui, en toute cohérence, s’expriment également dans le vocabulaire des façades.
À l’extérieur en effet, le bâtiment assume des options chromatiques contrastées et un langage précis où les grands modules construits (murs, dalles) s’harmonisent avec les larges percements (fenêtres, loggias) dans un dessin exempt d’ornementation. Sans compromis, la clarté des lignes et l’expression presque austère des volumes témoignent de la maîtrise dans l’art de bâtir, allant jusqu’à invisibiliser les garde-corps et les systèmes d’obscurcissement, mais aussi les éléments techniques qui, trop souvent, viennent parasiter la lecture d’une architecture. Enfin, fidèle aux caractéristiques minérales des constructions environnantes, la texture microsablée du béton préfabriqué de l’enveloppe s’inscrit alors comme un hommage au site. Pensé à l’échelle du temps long, l’immeuble fait désormais pleinement partie du paysage.






Chantier


