VOIE VERTE
Construction d'un immeuble d'habitation
À proximité de grands ensembles et de la frontière française, le périmètre où subsistent les villas du chemin du Foron apparaît aujourd’hui comme une poche anachronique. Réalisées essentiellement dans les années 1950, cette poignée de maisons ordinaires détonne dans un secteur en mutation permanente, témoin de l’ambition des autorités genevoises pour son développement urbain.
Clairement identifié, le potentiel de densification induit une stratégie à long terme. La planification des nouveaux bâtiments doit ainsi conjuguer les contraintes des zones d’affectation d’aujourd’hui avec les projections officielles de demain. Pour s’inscrire dans une dynamique positive et éviter l’enlisement bureaucratique, les parcelles concernées font alors l’objet de négociations spécifiques. Afin de démarrer les opérations dans les meilleures conditions, les protagonistes –propriétaires, administrations publiques et architectes– tablent sur un calendrier évolutif échelonné sur une quinzaine d’années. Cette temporalité permet d’envisager la transformation complète du site de façon progressive, dans un lien souple avec les vastes métamorphoses territoriales environnantes. Pour ce faire, les premières nouvelles constructions devront elles-mêmes être capables d’accroître leur surfaces habitables, en conformité avec les minima légaux requis ultérieurement.
Les interrogations portent sur l’échelle et la forme à donner aux réalisations futures, ainsi que sur le rapport que ces dernières devront entretenir avec les grands bâtiments prévus alentour. Dans un secteur chargé d’une histoire qui peine à contenir un tissu bâti disloqué, c’est l’option d’un urbanisme en plots qui se voit retenue, avec l’affirmation de volumes très simples pour marquer d’une nouvelle image le territoire urbain, à mi-chemin entre la maison individuelle et l’immeuble. Dans un souci de cohérence et de rationalité, la mutualisation des rampes de parking ou la présence de jardins ouverts et collectifs vise à lier chaque édifice projeté dans le cadre de cette opération avec celui qui le jouxtera.
Bordée au nord par la route et au sud par la voie verte, la parcelle présentement concernée se révèle comme l’élément déclencheur pour le développement du quartier. La nouvelle requête en autorisation de construire enregistrée inaugure de façon concrète le processus et ouvre la voie pour la construction d’un bâtiment d’habitation contemporain, parfaitement adapté à son contexte. Elle incarne également une vision claire relativement au devenir du secteur et, de façon plus ciblée, témoigne de la réussite des concertations tenues entre partenaires.


Le projet montre un prisme hexagonal irrégulier abritant, sous un gabarit de R+1, un total de huit appartements allant du trois au cinq pièces, tous conformes aux attentes du marché. La forme particulière répond aux contraintes et aux singularités du terrain, avec un terrain trapézoïdal et une arborisation intéressante à préserver. La rampe du garage coulisse partiellement sous le volume légèrement surélevé, garantie de privacité pour les logements situés au rez-de-chaussée en même temps que réduction habile des coûts d’excavation. Jouissant d’au moins deux orientations, les appartements rayonnent autour de cages d’escalier et d’ascenseur communes nichées au centre du volume. Ils se voient en outre dotés de spacieuses loggias d’angle, sorte de prolongement extérieur des pièces de vie.
La mise en œuvre rationnelle favorise le recours au béton armé, en adéquation avec les grandes portées intérieures. Un choix efficace qui répond en même temps aux impératifs d’ingénierie qu’engendrera la surélévation future, nécessaire pour atteindre les objectifs légaux de densification. Posé en attique lors de la seconde phase de réalisation, ce dernier niveau proposera deux appartements supplémentaires entourés de jolies terrasses. Le principe est simple, adaptable à toutes les constructions voisines qui fleuriront dans ce secteur.
Offrant un sentiment de solidité protectrice, l’expression minérale assumée évite la monotonie par le jeu décalés des pleins et des vides. L’affirmation des masses et les lignes tendues des têtes de dalles montrent un vocabulaire sobre, élégamment réhaussé par de larges surfaces nervurées en béton cannelé. Une texture soutenue par une tonalité chaude, proche des références chromatiques naturelles marquées par le bois, la pierre et la terre.




